Cardzot n° 47
Le cardzot du 14 février a encore apporté une jolie fournée de mots et d'expressions : je vous donne ici les plus savoureux et je vous invite à enrichir cette page de vos commentaires.
vocabulaire
bôs d'leune n.m. Bois de lune. Il ne s'agit pas du bois coupé à la bonne lune mais du bois prélevé de nuit, du bois volé.
brâve n. et adj. Attention, ne confondons pas le brâve gârs, jeune homme bien habillé, nos-tés brâves qu'ant combattu à Verdun, nos héroïques soldats, le gârs qu'est bié brâve, courageux, le gârs qu'est bin brâve, un peu demeuré, et chtu qu'fayot brâve, celui qui faisait vilain (antiphrase). Alors le patois, ça manque toujours de subtilité ?
dzacquilli v. Remuer un petit objet avec fébrilité, le secouer : dzacquilli la pognée d'pôrte.
dzacquillon n.m. Gachette, détente, loquet qu'on actionne avec le doigt ou la main.
dzaillon n.m. Rejet d'un arbre ou d'un arbuste.
dzaillonni v. Rejeter de souche. On dit aussi rdzaillonni.
galafron n.m. (du vx.fr. goulafrer, goinfrer) Goinfre.
greffée adj. Enceinte. La Tonine, alle a bin l'air d'éte greffée !
guetter v. Regarder, observer, mais sans discrétion aucune. Le Mile la guettot faire.
gueurlu, -use adj. (de grêle) Grêle, malingre, maigre, chétif.
guignotson n.m. Qualifie celui ou celle qui s'agite beaucoup, qui a la bougeotte. Voir boudzon.
harné adj. Harassé de fatigue.
honteux, -euse adj. Timide, sauvage, dans les formules négatives : alle est pas honteuse chti-là !
keurter v. Perdre au jeu, se faire battre, se faire plumer. Dz'me sus fait keurter p'le Dzean, ô m'a gagni à tsaque cop !
lési n.m. Loisir. Nous autes, paysans, nos ans pas d'lési.- Pe boire des canons, t'en a bin du lési !
leuve-cul n.m. Insecte qui relève son abdomen, le plus connu est le staphylin noir appelé aussi "diable". C'est un excellent auxiliaire du jardinier, il ne pique pas mais il peut mordre.
marmuser v. (vx.fr. marmouser) Marmotter, chuchotter, murmurer.
mélret, -ette n. Personne qui se mêle de ce qui ne la regarde pas.
mener v. Outre les sens habituels tels que conduire, diriger on relève mner l'harmonium (en jouer), mner les conscrits (les accompagner en tant que ménétrier). Eune vatse que meune ou que meune les bûs : une vache qui réclame le taureau. Un tsin que meune : un chien qui poursuit un gibier. Un meune-gueule : celui qui "la ramène", un fanfaron.
molleton n.m. Tissu destiné à emmailloter un bébé préalablement revêtu d'une pointe.
pointe n.f. Premier tissu, de forme triangulaire, directement en contact avec la peau du bébé, par dessus lequel on fixait le drapiau recouvert à son tour par le molleton.
Bonus : Relevé spécialement pour l'équipe de Blogborygmes dans un vieux lexique du patois du mâconnais, les gringuenotes : ce sont les gargouillis de l'estomac, les borborygmes.
locutions et expressions
Un (ou eune) dzingue du cul. Personne qui se trémousse, qui se tortille ou, au sens figuré, qui veut se donner de l'importance.
I vaut mais éte cocu qu'aveuye. Il vaut mieux être cocu qu'aveugle. L'Toîne m'a dit : mon gârs, t'es cocu, mas dze sros d'ta, dz'feurmos les yeux. Vu qu'ôl est d'bon conseil l'Toîne, dz'ai feurmé les yeux, ah bin à présent dz'poux vos y dère, y vaut mais d'éte cocu qu'aveuye !
De grand bonne heure. De grand matin.
A la rvenette. Au jeu de billes, partie dans laquelle il faut envoyer son calot (ou boulard) contre le mur avant qu'il ne vienne toucher les billes.
Passi la rvue du loup. Procéder à la cérémonie des accordailles. La famille du jeune homme se rend avec lui chez la jeune fille, et, pendant que les parents discutent l'affaire, les invités examinent le futur et le "passent en revue" en vidant force pots.
Mal cmode. Incommode, difficile, inconfortable.
Le Père Janvier.Personnage imaginaire censé apporter leurs étrennes aux enfants dans la nuit de la Saint-Sylvestre. Cette coutume a perduré durant une bonne partie du XXe s. A Cluny, on l'appelait Janvier Garguille et il "caquait" des dragées sur le toit de l'église Notre-Dame. Aucun rapport avec l'Anus Dei et ses pets caca mundi, je vous rassure tout de suite.
Martsand d'mentries. Il s'agit du marchand de journaux et également du journaliste (dzornaleux) dont la réputation n'a pas tellement évolué au fil des siècles.
Ete là. L'expression "être là" signifie être dans un état stationnaire. Cment qu'ô va l'grand père audzord'heu ? Ma foi, ôl est là.
Alle est cment la piau d'l'agneau, plus alle vit moins alle vaut. Elle est comme la peau de l'agneau, elle ne se bonifie pas en prenant de l'âge, bien au contraire.
Liaisons fautives
Parmi les plus beaux cuirs de notre patois signalons :
Dz'sus-t-arrivé, dz'sus-t-inquiet, dz'sus-t-invité,pas systématique mais encore assez courant.
oOo