12/02 Atelier de février 2012
Parmi les mots à ajouter au lexique Patois-Français, citons :
feurter v. Se dépêcher. L'Mile traîniaudot dvant la maijon d'la Gladys, mas quand ôl a avisé sa feunne que déboulot du tsmin ôl a feurté cment un yiève. Emile rôdait devant la maison de Gladys mais quand il a aperçu sa femme qui déboulait du chemin il a filé comme un lièvre.
nâri v. Noircir, assombrir. L'cul d'la Rotsaude s'nârit. L'arrière de la Rochaude s'assombrit.
pan*niauder v. Traîner en pans de chemise. Faut t' tsandzi, t'vas pas pan*niauder tanque à midi tot d'min*me ! Il faut t'habiller, tu ne vas pas traîner en pans de chemise jusqu'à midi tout de même !
poî folot n.m. Duvet, première barbe. D'achtôt qu'i ant doux quate poîs folos su l'menton, is corrant les feuilles.Dès qu'ils ont un peu de poil au menton ils draguent les filles.
pranière, pranîre n.f. Sieste. Faire pranîre. Faire la sieste. Alphonse fais pas d'manières, vins faire pranière !
açarvaler v. Saboter, abîmer. Fallot woi cment l'tsin avot açarvalé l'cartabye du noutaire ! Il fallait voir comment le chien avait abîmé le cartable du notaire !
carrillon n.m. Très petite parcelle de terre. A Suin on dit cacrellon.
creûchi v. Craquer, crisser, grésiller. Ses sabots creûchint su les piârres du tsmin.
défochaller v. (de fochalle, faisselle)1.Sortir les fromages des faisselles. 2. Fig. Mettre du désordre, démonter, détruire.
doguin adj. (du v.f. dodiner) Docile, doux, affectueux, caressant, gentil, tendre. T'poux toudze fare le doguin t'aras ren d'mè ! Tu peux toujours faire le tendre, tu n'auras rien de plus.
dzinguer v. Sauter et danser. Les dzeûnes ant dzingué tote la neit. Les jeunes ont sauté et dansé toute la nuit.
écrûji v. (de crûje, coquille) Ecaler les oeufs.
ékeuchi v. (d'éclisse) Entailler une branche, un arbre, lacérer le bois.
encrotter v. Enfouir, enterrer (une bête crevée).
espardjôt n.m. Vesce sauvage. On dit aussi pajôt.
essments n.m.pl. Semences.
feurbeute n.f. (de fourbe) Mauvais tour. P'le faire sorti d'sa beutte nos vans lu dzuer eune feurbeute. Pour le faire sortir de chez lui nous allons lui jouer un mauvais tour.
fochalle, fochelle n.f. Faisselle. On utilise davantage le mot cope pour désigner la faisselle.
fuard, fuardze n. et adj. Peureux, peureuse, sauvage.
fusiquer v. 1. Fouiller, chercher de manière désordonnée 2. Regarder.
gauvoin*ne (faire) loc. Ce que fait le cheval qui s'allonge sur le dos et met les pattes en l'air. Syn. Faire le pautlin. On dit aussi, en parlant de ce cheval : ô gâgne l'avoin*ne.
godot n.m. 1. Sabot sans bride. 2. Coffin.
gros adv. Beaucoup. Y'avot gros d'monde au martsi.
gueurdaud n.m. Mendiant. Le gueuriaud est un vagabond.
grapillon n.m. Raidillon.
hérbe de crapiaud n.f. Mercuriale, renouée.
minette n.f. Luzerne lupuline (medicago lupulina).
molaî n.m. Talus, haut d'un pré.
mo*llire n.f. Pré humide ; on dit aussi eune mo*lle.
ouvrée n.f. Surface de vigne pouvant être bêchée par un vigneron en une journée. En Bourgogne, 4 ares 28.
Encore une histoire vraie à situer vers 1940.
Putain d'brouillâ !
L'Léion avot preumis à so copain l'Adolphe de vni l'adzuer à tiri les treuffes. Y s'étint accordés pe se rtrouer dans un tsamp qu'étot conte le bô d'Suin. L'Léion a enfilé le tsmin d'l'Ecosserie, so grappin su l'épaule, mas pyus ô montot pyus l'brouillâ étot épais. Tot pr'un cop ôl entend causer quéqu'un, ô s'approtse apeu ô rcognait les Mazoyer, le vieux, so gârs apeu so ptchet gârs, l'Maurice. Aprés les salutachons l'Léion leu d'mande : vos sez-ti quoî qu'est la târre de l'Adolphe, d'vins l'adzuer p'tiri ses treuffes ? Alô le vieux Mazoyer qu'étot bié dzveux li dit : mas y'est là, nos arris nos sant vnis l'adzuer, seul'ment l'Adolphe est rmonté vés lu p'arrindzi sa piotse qu's'est démandzi. Le Léion s'met su un rang apeu ô cmenche à tiri les treuffes dave les trois Mazoyer. Après eune cosse l'brouillà s'leuve, l'solei s'montre et vla-ti-pas qu'nos woit, dans l'tsamp d'à coûté, à eune trentain*ne de mètes, l'Adolphe que s'arréte de piotsi apeu que tseufe le Léion : "Dis-don Léion, y'étot ma que te d'vos adzuer, pas mes woisins !"
Le Léon avait promis à son copain Adolphe de venir l'aider à arracher les pommes de terre. Ils s'étaient entendus pour se retrouver dans un champ qui était contre le Bois de Suin. Léon a pris le chemin de l'Ecousserie, sa pioche sur l'épaule, mais plus il montait plus le brouillard était épais. Tout à coup il entend parler quelqu'un, il s'approche et il reconnait les Mazoyer, le vieux, son fils et son petit fils Maurice. Après les salutations Léon leur demande : savez-vous où est la terre de l'Adolphe, je viens l'aider pour arracher ses pommes de terre. Alors le vieux Mazoyer qui était assez taquin lui dit : mais c'est là, nous aussi, nous sommes venus l'aider, seulement Adolphe est remonté chez lui pour réparer sa pioche qui s'est démanchée. Léon se met sur un rang et il commence à arracher les patates avec les trois Mazoyer. Au bout d'un certain temps le brouillard se lève, le soleil se montre et que voit-on dans le champ voisin, à une trentaine de mètres, l'Adolphe, qui s'arrête de piocher et puis qui interpelle le Léon : "Dis-donc Léon, c'était moi que tu devais aider, pas mes voisins !"
oOo