5. Les liaisons dangereuses

Publié le par Olivier de Vaux

 

Règle de base : en principe la liaison ne se pratique pas en patois charolais.

 

Exceptions :

Après une apostrophe ou un tiret la liaison se fait toujours.

Dz'ai faim. Vas-y !

Après les, des, chtés (ces), leus (leurs), en et un ou eun', la liaison se fait. Aprés les pronoms personnels nos, vos, (nous, vous) et les pronoms possessifs nos-tés, vos-tés la liaison se fait également. Par contre elle ne se fait pas après “is” (ils ou elles) : on dira et on écrira ainsi : nos ans, vos ez, i'ant (nous avons, vous avez, ils ou elles ont). Pour bien distinguer le is” du i” (le ils, elles, du il impersonnel) on élide le “s” du “is”, en ajoutant une apostrophe au i” : “i'”.

Après  mon', ton', son' la liaison se fait également mais le son “on” cède la place au son “o”. Pour éviter la mauvaise prononciation il faut écrire :  mo*n' auto, to*n' auto, so*n' auto.

On pouvait envisager de faire apparaître ces particularités dans la graphie en reliant par un trait d'union les termes avec liaison ou en ajoutant un “z” opportunément. Je n'ai pas retenu ces options en partant du principe que les exceptions citées sont tellement intégrées dans les usages du français que la liaison ne peut pas ne pas se faire.

Au contraire, dans les cas où le lecteur, inévitablement et pour la même raison, ferait la liaison, alors qu'il ne faut pas la faire, je place une barre de fraction entre les deux mots. Ainsi nous écrirons trois/ûs, six/hommes, dix/an*nées. D'autres patoisants écrivent troi, si et di pour éviter la liaison et rajoutent un -z en cas de nécessité. En effet on doit faire la liaison pour trois ans, six ans ou dix ans alors qu'on ne doit pas la faire pour trois an*nées, six an*nées ou dix an*nées. L'emploi de la barre oblique permet de conserver l'orthographe française tout en imposant la prononciation patoisante. Dans toutes les autres situations il faudra s'en tenir au principe général d'absence de liaison. A titre d'exemple, on peut examiner cette phrase où j'ai souligné les liaisons effectives : Y'étot des ûjeaux étonnants, des gros ûjeaux, dz'en ai compté quate mais la Marie m'a dit qu'y'avot renque trois/ujeaux, plus' un dans/eune teupe. (C'était des oiseaux étonnants, des gros oiseaux ; j'en ai compté quatre mais Marie m'a dit qu'il n'y avait que trois oiseaux, plus un dans une souche). La première (des ûjeaux) se fait en raison de l'exception à la règle, la deuxième (ûjeaux étonnants) et la troisième (gros ûjeaux) ne se font pas en application de la règle générale, la quatrième (en ai) respecte l'exception, la cinquième (trois/ûjeaux)et la sixième (dans/eune) ne se font pas dans le respect de la règle mais aussi grâce au “/” qui les empêche car elles sont bien tentantes. Vous noterez que plus' un se trouve en dehors du champ d'application des règles relatives aux liaisons. La confusion entre plus (prononcez plusse) et plus (prononcez plu) n'est pas possible le premier prend une virgule qui force la prononciation de la consonne finale et le second n'en prend pas. Voir le § 2, B, Remarque préliminaire : la consonne finale ne sonne pas en patois.

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